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Merci, Marie !

 

 

 

Ô Marie, malgré la pauvreté du tableau :
Dans une étable, sans mobilier, sans point d’eau,
En accouchant, pas le moindre doute en vos yeux :
Votre chair est dorénavant celle de Dieu !

Oui, votre Créateur et Sauveur vous ressemble,
Votre âme, votre corps et vos lèvres en tremblent :
Vôtres, son visage, sa bouche, ses cheveux.
Tout vous évoque : vos traits sont bien ceux de Dieu !

Dans vos bras, l’être qui régit le monde entier
S’endort, paisible, sans une crainte éveillée.
Et, effleurant sa joue d’un baiser audacieux,
Vous embrassez l’unique visage de Dieu.

Mais…

Marie, songiez-vous qu’en voyant le nouveau-né
De liquide amniotique humblement protégé,
Un jour, il le serait de crachats et de coups,
Rejeté par votre peuple devenu fou ?

Marie, songiez-vous qu’en sectionnant le cordon,
Pour donner la liberté au divin poupon,
Un jour, il serait muré une nuit durant,
Sans une affection ni même un apitoiement ?

Marie, songiez-vous qu’en lavant sa douce peau,
Pour lustrer l’éclat de cet unique joyau,
Un jour, Pilate se laverait les deux mains,
Dévoilant la basse lâcheté de l’humain ?

Marie, songiez-vous qu’en tapotant sur son dos,
Pour réveiller en son corps la vie au repos,
Un jour, son échine, frappée par des fouets,
Ne serait plus qu’un amas de chairs déchirées ?

Marie, songiez-vous qu’en laissant ses douces mains,
Enlacer vos doigts alors encore sereins,
Un jour, sur les clous, toutes recroquevillées,
Telle l’hostie rompue, elles se fêleraient ?

Marie, songiez-vous qu’en levant votre bébé,
Pour mieux l’admirer et vous en émerveiller,
Un jour, ses bras démembrés, à jamais ouverts,
Il serait, par deux poutres, élevé de terre ?

Marie, songiez-vous qu’en chatouillant ses pieds frêles,
Pour faire naître en lui une joie des plus belles,
Un jour, ils seraient troués à coups de maillet,
De rouge et de bleus entièrement maculés ?

Marie, songiez-vous qu’en sentant son Sacré-Cœur,
Battre au rythme fou de notre temps enchanteur,
Un jour, il serait, d’une lance, transpercé,
Révélant l’amour de Dieu si démesuré ?

Marie, songiez-vous qu’en allaitant votre fils,
Lui transfusant votre vie, suprême délice,
Un jour, votre lait, devenu le sang de Dieu,
Allait nous sauver et nous ouvrir grand les cieux ?

Marie, songiez-vous qu’en cueillant ses premiers cris,
En admirant cette faible vie qui fleurit,
Un jour, aphone d’épuisement et d’émoi,
Il expirerait, tel un maudit, sur la Croix ?

Marie, songiez-vous qu’en le serrant dans vos bras,
En collant sa peau à votre sein délicat,
Un jour, vous le serreriez, livide et glacé,
Son corps voûté du poids écrasant des péchés ?

Marie, songiez-vous qu’en ouvrant ses petits yeux,
En plongeant votre regard dans celui de Dieu,
Un jour, inconsolable, vous les fermeriez,
Caressant de vos doigts son visage blessé ?

Marie, songiez-vous qu’en emmaillotant sa vie,
La protégeant du froid, de toute maladie,
Un jour, dans un suaire, vous l’enserreriez,
Pour l’entourer de votre cœur immaculé ?

Marie, songiez-vous qu’en l’endormant chaque soir,
Dans la paille rêche de la simple mangeoire,
Un jour, vous le déposeriez dans un tombeau,
Sur un chagrin qui vous laisserait sans repos ?

Marie, songiez-vous qu’en laissant votre merveille,
Entre les bras de Joseph, humble et sans pareil,
Un jour, un samedi, seule comme l’aurore,
Vous laisseriez Jésus dans les bras de la mort ?

Mais surtout…

Marie, songiez-vous qu’avant votre éternel « oui »,
La terre et le ciel s’arrêtèrent tout ouïe ?
Que le Beau et Bon Dieu, tout devin qu’il était,
Se trouva suspendu à votre doux parler ?

Que l’ange Gabriel ne pouvait repartir,
Sans la réponse de votre libre désir ?
Que le monde entier, chaque homme en particulier,
Était tout humblement prosterné à vos pieds ?

Marie, songiez-vous qu’en prononçant votre « oui »,
L’homme fut sauvé, la création accomplie ?
Que Satan fut vaincu, avec ses tentateurs,
Par votre humilité, leur plus grande terreur ?

Ô Marie, quelle unique et charmante seconde,
Où, par vous, Jésus est advenu en ce monde !
Depuis lors, par vous seule, il renaît en nos cœurs,
Et nous veut, pour cela, vos grands admirateurs !